Ils sont invités à dîner chez Schéhérazade. Couvre-feu oblige, ils se mettent à table affreusement tôt. Comme d’habitude, la nourriture est extraordinaire : un « addasse polow », du riz aux lentilles avec des raisins secs, et la grande spécialité de Schéhérazade, le « koukou », à la fois une omelette et une tarte aux légumes, une tuerie.
Il est déjà l’heure de partir quand l’alcool commence à faire son effet et que la soirée s’anime. Les amis filent au gré des temps de trajets, d’abord les Ignymontains qui en ont pour plus d’une heure, puis le Sévrien, qui n’en a pas pour beaucoup moins. Ne reste plus que Charles qu’attend juste une traversée de Paris.
Quand il se lève pour prendre congé, Schéhérazade amène leur conversation sur la nouvelle saison de dix pour cent.
Quand il fait mine de partir pour la seconde fois, elle se décide à lui divulguer que Clotilde a un nouvel ami, le scoop.
...
Le temps passe et à chacune des tentatives de départ de Charles, elle découvre un nouveau sujet.
Quand il a déjà son manteau sur le dos et la main sur la poignée de la porte, Schéhérazade se lance :
- Je ne sais pas si c’est le moment pour te parler de ça. Nous nous connaissons depuis des années... Tu te souviens de notre premier dîner, seuls tous les deux... C’était une terrasse, rue Daguerre.
- Bien sûr, je m’en souviens.
- Au moment de nous quitter…
- Oui ?
- Qu’aurais-tu fait si je…
- Oui ?
- Si je t’avais embrassé…
Schéhérazade finit par rompre le silence :
- Laisse tomber. On parlera de cela une autre fois. Tu vas planter le couvre-feu.
- J’avais très envie de t’embrasser. Tu aurais pu être plus explicite.
- Je t’ai dit que j’étais timide et que j’aimais que le garçon fasse le premier pas.
- Je t’ai dit que j’avais peur de passer pour un dragueur lourdingue et que je préférais que la fille fasse le premier pas. Au minimum, tu aurais pu montrer clairement que tu étais intéressée.
- J’ai cru le montrer.
Elle est honnête, trop comme toujours :
- Je ne suis plus amoureuse de toi.
- Moi non plus.
- Mais, peut-être le couvre-feu nous offre-t-il une seconde chance.
Ils ne savent pas que mille et une secondes ont passé depuis qu’ils ont parlé de dix pour cent, c’est-à-dire seize minutes et quarante et une secondes. Ils se doutent bien qu’il est maintenant trop tard pour qu’il puisse rentrer chez lui en respectant le couvre-feu.
Elle sourit :
- Tu n’as plus qu’à dormir ici.
- Ton divan est inconfortable, proteste Charles.
- Qui te parle du divan ? conclut Schéhérazade.
je kiffe Schéhérazade..
RépondreSupprimerfine, sensible, ouverte à la vie :)
un 06?
Tu aimerais bien...
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