lundi 27 août 2012

Trouvez des idées dans les labos publics !

J'ai commis un article sur ce sujet dans 01Net. Désolé si ça fait un peu donneur de leçons, c'est le genre de la rubrique.

3 commentaires:

  1. [Commentaire 1/2]

    Je suis tout à fait d'accord avec le fond de l'article. Cependant, de mon point de vu d'étudiant en informatique qui va tout juste commencer une thèse (mais qui connais le milieu de la recherche par proxy familial depuis assez longtemps), il me semble qu'il manque un morceau de l'histoire : un peu d'auto-critique.

    Je ne parle pas de vous en particulier, de ce que j'en vois, c'est pas votre cas. Mais j'ai quand même la net impression que le problème n'est pas uniquement du côté industriel, et l'article ne le dit pas assez clairement à mon goût.

    Il y a parmis *beaucoup* de chercheurs une mentalité un peu anti-industriel, que ce soit conscient ou pas. Ou alors au contraire un pro-industrialisme, mais qui se trouve être délirant.

    Parlons d'abord du premier cas.

    D'une part, il y a un problème au niveau individuel chez les chercheurs. C'est un problème en fait bien plus large que ce dont on parle là. Ça vient d'abord d'une mentalité qu'on pourrait dire un peu "gauchiste" : le privé c'est mal™, les entreprises c'est-des-méchants… Parce que l'échiquier politique dans notre pays est un peu comme ça, et particulièrement en informatique, quand on voit que le plus gros éditeur de logiciel français c'est _Dassault_ Systèmes, ça aide pas ^_^. Je tiens à signaler que cette critique que je fais, je ne m'en exclus pas, hein.

    D'autre part il y a un problème au niveau du système. Les gens qui se retrouvent à diriger la recherche en informatique (les plus politiciens des chercheurs quoi, et donc possiblement les moins chercheurs aussi, par effet de vases communicants), ne la dirige pas forcément dans le bon sens, du moins, pas dans un sens qui aiderait à la collaboration avec l'industrie. C'est peut-être moins vrai à l'Inria, je sais pas. Mais en tout cas au CNRS, et ça m'étonnerais pas que ça soit aussi le cas dans pas mal de labo de facs, faire du logiciel, et bosser vraiment avec des industriels sur des sujets concrets, c'est pas récompensé, du tout. Au contraire même, malheureusement.

    [je suis obligé de coupé mon commentaire en deux, il est trop long pour Blogger]

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  2. [Commentaire 2/2]

    Pour ce qui est du second cas maintenant (ce que j'ai appelé "pro-industrialisme délirant").

    J'ai entendu des profs soutenir des discours sur l'utilité de leur recherche parce qu'ils pensent que ça va être utilisé dans l'industrie, et donc au passage dire que bosser en lien avec l'industrie c'est important. Le truc c'est que c'était en réponse à un troll (de moi je l'avoue ^^) sur Coq. On a un chercheur qui a une volonté de transmettre ce qu'il fait à l'industrie mais ce qu'il fait, c'est Coq. Il faut vraiment ne pas avoir de recul pour ne pas se rendre compte du paradoxe dont il est question. D'une part Coq n'est pas utilisable en l'état par des équipes de plusieurs dizaines d'ingénieurs: le bouzin est difficilement compréhensible, et niveau génie logiciel ça semble être une catastrophe pour ce que j'ai pu en voir. Ok c'est pas le but. Je ne me permet pas de critiquer Coq en soit. Je parle juste de l'hypothèse qu'on ma soutenue disant que c'est "le futur de l'industrie".

    Ça me permet de rebondir sur une seconde chose très liée. J'ai l'impression, en tout cas dans le milieu parisien de la recherche que j'ai pu fréquanté, que beaucoup de chercheurs font des choses techniquement très difficiles, très belles, etc. Mais que pour le coup on ne peut pas vraiment accuser les industriels de ne pas venir les chercher, parce que je pense que même si eux faisaient l'effort de venir voir ce qui se fait dans les labos, ça ne les intéresseraient pas. Par exemple quand on nous explique que le typage c'est *ZE* truc important dans un langage de programmation pour sa sûreté, ben je suis très sceptique. Je pense que les problèmes auxquels les industriels font faces sont justement plus de l'ordre du génie logiciel, de la modélisation de systèmes complexes qui doivent intéragir avec des centaines de _personnes_ qui ont des spécialités voir des métiers différents et donc pas du tout besoin de voir le système de la même manière, par exemple. Évidemment pour la sûreté des logiciels, le typages et d'autres analyses statiques peuvent aider, voire sont les bonnes réponses. Mais c'était peut-être pas la bonne question.

    Attention, je tiens fortement à préciser que je ne dis pas que les questions que se posent certains chercheurs ne sont pas importantes ou quoi, je dis simplement et modestement que je pense que ça n'intéresse pas l'industrie, mais loin de moi l'idée de penser que c'est une raison, même mauvaise, de ne pas chercher à répondre à ces questions.

    Ensuite mon dernier point, toujours sur le "pro-industrialisme délirant", c'est sur la formation. Notre master, le MPRI, est vendu comme un master généraliste pour la recherche en informatique, mais ne couvre en fait que certains domaines, et pas forcément ceux qui seraient propice à un travail collaboratif entre la recherche académique et l'industrie. Par exemple, on a pas vraiment de cours de génie logiciel, alors que je suis sûr qu'il y a plein de chose à faire en recherche dans ce domaine. On a pas non plus de cours de sécurité, et idem. Je pense par exemple à l'ANSSI, qui a tout le potentiel pour être un endroit hybride avec des chercheurs "pur et dur" et des industriels des "entreprises d'importances stratégies". Ils se trouvent que le master qui se veut être le top pour faire de la recherche après n'est pas capable de fournir des cerveaux un peu formés à l'ANSSI. C'est dommage. Bon c'est un peu des flics alors ça me gêne pas trop personnellement, mais j'essaye ici d'être un minimum objectif.

    Bref, tout ça pour dire que oui en France on manque de collaboration entre l'industrie et la recherche académique. Et c'est les industriels devraient venir voire ce qui se fait dans les labos y compris pour leur bien à eux. Mais il ne faut pas non plus ignorer que le problème existe aussi dans le sens inverse :-).

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  3. Je vais faire plus court que Pablo

    Autocritique: oui, je préfère faire de la recherche que monter des startups (j'ai déjà fait ça) mais je refuse rarement de boire un pot avec quelqu'un qui monte sa startup...

    Sur le reste: attention tu as un avis un peu biaisé. Le vrai monde a beaucoup plus de variété que ce que tu as vu au MPRI: depuis le très théorique jusqu'au très appliqué et c'est bien comme ça. Un avis discutable (le mien): c'est dans le théorique que les industriels peuvent trouver les plus belles pépites. Pour l'appliqué, ils peuvent le faire sans nous...

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