dimanche 25 juillet 2010

Mourir sur Facebook

J'ai causé d'un article du New York Times, Facebook After Death avec des amis. Dans le roman que j'écris en ce moment, l'Arpette, il y a un chapitre sur le sujet. En voilà un extrait:

Elle avait de nombreux contacts sur Facebook. Il faudrait compter combien parmi eux n'étaient que des loosers qui n'avaient accepté ou même demandé à être son " ami " que pour améliorer leurs propres scores ? Donnant-donnant. Tu fais plus un et moi aussi. Certains savent à peine qui était Denise Hervieux. D'autres l'ont oublié ou ne l'ont peut-être même jamais su. Peu parmi eux s'apercevront de sa disparition. Ils seront encore moins à la pleurer.

Son compteur de contacts s'est bloqué car elle n'est plus. Facebook va continuer à la proposer comme amie, dans de charmants clins d'œil de l'au-delà. On frissonne devant un de ces messages même si on sait bien que le mort n'a rien à voir avec l'indélicatesse de la proposition. Finalement, reste une occasion troublante de se souvenir.


Avec un employé pour des centaines de milliers d'utilisateurs, on comprend que Facebook ne fasse dans la dentelle. Un jour, ils s'apercevront de la disparition de Denise, sans doute parce qu'une de ses amies aura trouvé le bouton de déclaration de décès. Un contrôleur de mort vérifiera qu'il ne s'agit pas d'une mauvaise plaisanterie. Peut-être accolera-t-il alors au nom " Denise Hervieux ", une petite croix, pour elle la si peu catholique. Et ses pages Facebook deviendront un mausolée.


Facebook n'était qu'un truc de gosses. Des vieux y meurent maintenant et leurs morts compliquent la vie du réseau.


Les amies de Denise vont essayer de continuer à la faire vivre sur le Web. Mais l'issue de leur combat contre le temps ne fait aucun doute. Les comptes de celle qui vient de mourir vont être arrêtés. Ses pages sur Facebook finiront par disparaitre. Son site Web se figera. Encore quelques années et il sera fermé, entraînant avec lui dans sa mort, la mention " Webmaître Denise Hervieux ". Tous les sites où elle écrivait s'éteindront eux aussi l'un après l'autre. Ça prendra peut-être du temps, mais les marques qu'elle a laissées sur la toile s'estomperont , disparaitront. Vingt ans, cent ans, deux cents, l'infini pour le Web, et Denise finira avec Sebastian, fossilisés ensemble dans les archives du Web, sur la Wayback Machine, fosse commune des internautes disparus.

lundi 19 juillet 2010

Des bits et pas de la fibre cellulosique

A mon humble avis :
  • L’imprimerie est condamnée par le numérique comme le papyrus a été condamné par l’imprimerie.
  • Les éditeurs sont condamnés à passer numérique ou à disparaitre avec le papier.
En focalisant le débat sur la défense du papier, on rate les vrais sujets, et ce qui compte vraiment, l’accès à la lecture pour tous. On lisait avant Gutenberg et on continuera à lire après le livre numérique. Le numérique ne tuera pas le livre comme les lecteurs mp3 n’ont pas tué la musique. (Il n’y a jamais eu autant de gens dans les concerts.) Est-ce qu'on lira autrement? Et aussi, selon des travaux récents, le numérique bénéficie surtout à ceux qui maitrisent déjà bien les connaissances. Comment faire pour que le plus grand nombre profite de ces nouvelles technologies ?

Un aspect parmi d’autres, le numérique devrait permettre de faire baisser le prix de l’accès aux contenus. Qu’en est-il ? Ca coûte combien ? Pour un journal ? J’ai cherché sur le Web et j’ai trouvé des offres (12 euros/mois pour Libé) mais souvent la durée et le contenu n’étaient clairs. Les livres ? Combien ça coûte un bon vieux livre en format électronique ? On trouve déjà des classiques pour rien ou presque. C’est génial ! Et les livres récents ? Voilà un test qui vaut son pesant de cacahuètes. Sophie a voulu acheter le dernier roman de John Irving, « Last Night in Twisted River », chez Amazon, le roi du livre numérique. Nous avons adoré le « pricing » (j’utilise un mot anglais pour nous distancier de cette aberration) : 11.56 $ en poche ; 18.48 $ relié ; et 20.01 $ en numérique !

Donc on paie plus cher alors que les éditeurs font des économies de papier, d’impression, de stockage, de transports, d’invendus au pilon. Il va falloir qu’ils se calment s’ils veulent qu’on achète leurs livres sinon on peut toujours les télécharger illégalement. Ça ne vous rappelle rien ?
Aujourd’hui, si on n’a pas d’argent, on peut lire autant de livres qu’on veut gratuitement en allant à la bibliothèque. Et demain avec le numérique ? Aujourd’hui, on peut passer des livres à ses copains. Et demain avec le numérique ?

Le papier est en train de disparaître. Un nouveau système est à inventer. Il faut trouver un système qui permette aux écrivains de vivre de leur travail. Il reste aux éditeurs un rôle assez noble, celui de sélectionner les livres que nous liront. Mais d’autres modes de sélection sont possibles, par exemple basés sur la recommandation dans des réseaux sociaux. On aimerait que l’accès à la lecture pour tous soit au centre du dispositif et pas juste le profit des éditeurs.

Note : En temps passé sur chaque média. La télévision est en baisse (–37 %) ; les journaux aussi (–18 %). Les gagnants : les jeux vidéo (+77 %), Internet (+39 %) et la télévision par câble (+20 %). Le livre se défend bien (+3 %). Source US Census Bureau.

Note : Il faudrait aussi parler de la Babel du format. Par exemple, on en arrive à utiliser le lecteur Kindle sur l’Ipad pour lire un livre acheté chez Amazon. Bien sûr, la plupart des livres qu’on trouve sont sous des formats propriétaires. Erk ! La vie est dure !

mardi 6 juillet 2010

Evaluons, evaluons

Un numéro spécial de Nature sur la bibliométrie si vous n'êtes pas encore saturés par ce sujet qui finit par devenir plus important que la recherche elle-même.

samedi 3 juillet 2010

J’ai même pas d’iPad

Il est beau. Il est lisse. Il sent bon le luxe. Mais il sert à quoi ? Il est plus cher qu’un netbook. C’est un peu comme un gros Iphone mais sans caméra (pas de vidéo sur Skype) et super trop lourd pour téléphoner. Il est trop fragile pour qu’on l’emmène sur les chantiers. Un jour on pourra s’en servir comme télécommande globale à la maison pour la télé, les machines à laver, le frigidaire, etc. Mais pour l’instant, on ne peut même pas éteindre la lumière avec.

Buzz réglé au millimètre, rupture de stock bien orchestrée, records de vente, annonces modestes : "Ladies and gentlemen, well mostly ladies. I give you the greates invention of all time! (Steve Jobs pour la sortie de l'iPad.)

Combien ça coûte : 500 et 900 euros pour l’iPad selon Wikipédia. (C’est fou ce qu’on trouve dans les encyclopédies de nos jours.) C’est cher pour lire son mél et surfer le oueb. Mais quand on aime, on ne compte pas.

Cela a facilement convaincu les branchés, ceux qui l’ont attendu, ceux qui ont fait la queue pour l’acheter, ceux qui l’ont déjà, ceux qui ne peuvent plus s’en passer, ceux qui ont déjà commandé l’iPhone 4. Mais c’est pas pour :

  • Les ringards comme moi qui pensent pouvoir vivre sans.
  • Les malins qui attendent la prochaine version qui sera beaucoup mieux.
  • Les radins qui attendent que le prix baisse.
  • Les pauvres membres de l’Institut de Prévention des Accidents Domestiques devenu introuvable sur le Web.
  • Les écolos qui n’y voient que pollution et gaspillage de moult matières premières.
  • Ceux qui trouvent que c’est liberticide qu’un développeur ait à demander la permission à Apple pour proposer la moindre application et d’avoir à leur refiler un pourcentage des ventes. (Apple a presque coulé parce que le Mac était trop fermé. Ils refont la même erreur ? Je ne comprends pas tout.)
  • Tous ceux qui ne voient pas à quoi il sert.
  • Et les pauvres qui n’ont pas les moyens de se payer tous les nouveaux gadgets inutiles.

Ca fait quand même beaucoup de monde. Apple devrait s’inquiéter

Une photo qui commence à dater mais que je trouve toujours drôle

Sérieusement, on peut s’en servir pour regarder des films dans les trains ou les avions. On faisait déjà ça avec son laptop mais l’image et le son sont meilleurs. OK mais pas de quoi crier à la révolution. C’est aussi un des nombreux supports pour le livre numérique. Petite mise au point : iPad n’était pas le premier. Dans le créneau, je verrais même une avance pour le Kindle d’Amazon qui est basé sur du papier numérique et permet de lire des e-book. Pub gratuite : le Kindle ne coûte que 189$ chez Amazon US.