Va-t-on interdire les fleurs à usage unique ?
La Commission européenne a publié le 11 mars 2020 un nouveau plan
d’action contre le gaspillage dans l’UE de ressources naturelles. Il
s’agit d’arriver à une limitation drastique des quantités de déchets
(500 kilos par européen en 2017) et d’emballages (173 kilos). Sont visés
en premier lieu, les appareils électroniques dont la fabrication est la
cause d’un gaspillage d’énergie et de matières premières. Il est
insensé d’avoir à changer si souvent son smartphone quand on pourrait
utiliser des pièces remplaçables et réparables. Selon la Commission : « A
l’heure actuelle, l’économie est encore essentiellement linéaire,
puisque 12% seulement des matières et des ressources secondaires y sont
réintroduites ». La Commission travaille sur des dispositions qui
limiteront les usages uniques, permettront de lutter contre
l’obsolescence prématurée et interdiront la destruction des marchandises
durables invendues ». L’association « Les Amis de la Terre » salue
cette avancée en regrettant l’absence d’objectifs chiffrés.
Parmi ces ressources gaspillées, il faut aussi s’intéresser aux
fleurs dont la présence est essentielle à la survie des abeilles dont la
disparition menacerait l’ensemble de la végétation. Le conseiller
allemand, Dr. Seltsam, a donc annoncé qu’il était envisagé d’interdire
la vente de fleurs à usage unique. Cela a fait flamber le cours d’une
startup d’Indianola, Sunflower County, qui a mis au point une fleur de
tournesol qui ne flétrit jamais. Everlasting propose déjà plusieurs
variétés d’Ikébana à base de ces fleurs. Si le coût de la fleur peut
donner à réfléchir (9.99 dollars), elles permettent de fleurir son
appartement en permanence sans avoir à passer par le fleuriste.
Contredisant le Grand Jacques, on pourra bientôt amener à son ou sa
chérie des fleurs plutôt que des bonbons parce qu’elles seront moins
périssables.
La technique mise au point par Everlasting consiste à bloquer le
processus de vieillissement de la fleur, ou plus précisément à
introduire un gène correcteur de ce vieillissement. Un effet secondaire
de la modification génétique est le blocage du mécanisme de
pollinisation.
Le Dr. Seltsam a dit suivre les développements de cette technologie avec
intérêt. Il envisagerait même de doter chaque citoyen d’un quota de
fleurs que lui, ses parents ou ses descendants pourraient utiliser de la
naissance à la mort, voire même se transmettre via les héritages.
Les fleurs en tissus (voir le tutorial), les couronnes de fleurs
séchées, les fleurs en pots de terre cuite depuis le néolithique, la
quête d’ornements floraux non périssables ne datent pas d’hier. On
pourrait ajouter qu’une fleur est déjà éternelle, la « Petite fleur » de
Sydney Bechet, à réécouter absolument.
On peut s’inquiéter de possibles effets délétères de fleurs
génétiquement modifiées, et souligner que cela ne règlera pas l’extrême
gravité de la dégradation de la biodiversité et de la disparition
massive d’espèces de fleurs. Maintenir la biodiversité en la manipulant
génétiquement ? Au secours ! L’application numérique Plant@net de
sciences participatives aide à identifier des plantes à partir de
photos. Pourrait-elle permettre de mettre en place un plan massif de
sauvegarde des espèces de fleurs menacées ?
La manipulation génétique pour vaincre la mort est un domaine de
recherche actif, y compris pour les humains. Mais voulons-nous devenir
immortels ? A plus court terme, Everlasting travaille sur des poissons
d’aquarium qui vivraient éternellement. Ils expérimentent sur le
Combattant à la « queue-de-voile » qui arrive à vivre déjà à vivre
jusqu’à deux ou trois ans en aquarium. Madame Dagotte, la pédégère
d’Everlasting, a déclaré : « Une difficulté pour notre recherche est que
les tests prennent très longtemps ; nous expérimentons aussi des
techniques d’accélération de la vie biologique pour vérifier la
résistance de nos produits. » Allez comprendre les scientifiques !
mercredi 1 avril 2020
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