[Tous les vendredis de juillet et août, une nouvelle sur ce blog.]
Hasard du calendrier, j’ai acheté ma première trottinette volante
le lendemain de l’annonce par la mairie de Paris d’une taxe sur tous les objets
volants, privés ou publics, drones de livraison, coptères ou trottinettes...
J’ai choisi la toute dernière Mimosa. Ma note : 5 étoiles et thumbs-up.
Le confort et la conduite sont agréables sans être
impressionnants. Pas beaucoup mieux que les trot’libs du Grand Paname. Le
plus : la copilote embarquée. Là je dis : inouïssime !
Elle trouve toujours le meilleur chemin, évite les
embouteillages, fait rouler sur un trottoir pavé de la rue du Louvre pour la
couleur locale, choisit un chemin paisible si on le lui demande. Elle parle
parfaitement – avec la voix de Fanny Ardant – plus de cent langues. Et même, elle
peut crier si vous êtes un peu dur d’oreille.
Elle fait exactement ce que vous avez envie qu’elle fasse. Pas
même besoin de lui dire, elle devine car elle sait tout de vous : votre âge, votre
genre, votre travail, vos hobbys, vos amis, vos magasins et restos préférés…
C’est même trop. Je ne sais pas vous, mais j’en ai marre de ces logiciels
parfaits, ces assistants personnels qui balisent si bien votre vie qu’ils arrivent
à en faire disparaître le hasard. C’est ennuyeux, pire qu’une pluie londonienne
! Mais la Mimosa arrive à vous surprendre. Elle décoiffe !
Ce matin, je l’ai prise pour aller à un rendez-vous à La
Défense. Elle a refusé de démarrer avant que je mette mon gilet jaune
fluorescent, et que j’attache mon casque. Elle marquait tous les feux, et m’a
même demandé plusieurs fois de mettre pied à terre pour traverser une rue. Je
l’ai traitée de boulet.
Elle m’a fait faire un grand détour pour découvrir un mural ;
j’ai adoré. Elle m’a ensuite parlé un bon quart d’heure d’une réédition d’une
installation d’Ilya Khrzhanovsky au Grand Palais. Là, j’ai inventé une chanson,
« Fanny La Saouleuse ». Ça l’a vexée, elle s’est tue pour quelques
minutes.
Quand je lui ai dit que j’allais être en retard, elle a fait
« oups ». Comme si elle ne s’en était pas aperçue ? De qui se
moquait-elle ? Puis elle a affiché : « on fonce Alphonse ».
Et on a foncé. My god !
Elle m’a fait emprunter à toute vitesse des voies express, évidemment interdites
en trottinette, voler au-dessus du Sacré Cœur soi-disant pour prendre un
raccourci, plonger jusqu’au Palais Royal pour prendre un virage de folie en
dérapage rue de Rivoli. Je lui ai proposé de ralentir. Elle a fait semblant de
ne pas entendre. Elle m’a fait griller plusieurs feux rouges, et dépasser un
nombre incalculable de coptères et de motovols. Elle violait coolos l’obligation
des bots d’empêcher les humains de speeder. Non seulement elle me laissait
faire des trucs de ouf, mais elle m’encourageait. L’éclate !
Je suis arrivé en avance à mon rendez-vous. Je ne m’étais pas
autant amusé depuis des années en me baladant dans Paris.
Bon, j’ai pu constater le jour même qu’il restait quelques points
de détail à régler avec son algorithme. Sur le chemin du retour, Fanny a
soudain cessé d’obéir à mes commandes. What
the fuck! J’ai flippé. Rien de grave : elle avait juste été attirée par une
autre trottinette qui passait à proximité, une Mimosa avec la voix de Barry
White. Les deux trottinettes nous ont plantés devant une guinguette des bords
de Seine.
Du coup, l’autre conductrice et moi nous sommes sentis obligés
de nous improviser un rancard pour célébrer la sérendipité de cette rencontre. Le
« plus si affinité » nous a même conduits à finir la nuit ensemble.
Les deux Mimosas sont garées côte à côte dans le garage de mon immeuble.
Fanny et Barry auraient manigancé-ils tout ça ?
PS : si vous avez aimé, n'hésitez pas à le passer à vos amis, le tweeter, le facebooker...
Salut Sergio.
RépondreSupprimerBravo pour le rythme endiablé dans lequel ta trottinette nous entraine!!!
Et bien sûr, comme d’hab, tu conclus à la fin...
j'ai aimé et ai affiché le lien vers ton blog sur mon blog (je progresse!) même si personne ne connait mon blog...
RépondreSupprimer