Alexandre Grothendieck
Il est assez peu courant que des
scientifiques se posent la question du rôle de leur science dans la
société. J’ai même l’impression très nette que plus ils sont haut situés
dans la hiérarchie sociale et plus par conséquent ils se sont
identifiés à l’establishment, ou moins ils sont contents de leur sort et
moins ils ont tendance à remettre en question cette religion qui nous a
été inculquée dès les bancs de l’école primaire : toute connaissance
scientifique est bonne, quel que soit son contexte ; tout progrès
technique est bon. Et comme corollaire : la recherche scientifique est
toujours bonne. Aussi les scientifiques, y compris les plus prestigieux,
ont-ils généralement une connaissance de leur science exclusivement
« de l’intérieur », plus éventuellement une connaissance de certains
rapports administratifs de leur science avec le reste du monde. Se poser
une question comme : la science actuelle en général, ou mes recherches
en particulier, sont-elles utiles, neutres ou nuisibles à l’ensemble des
hommes ? Cela n’arrive pratiquement jamais, la réponse étant considérée
comme évidente par les habitudes de pensée enracinées depuis l’enfance
et léguées depuis des siècles. Pour ceux d’entre nous qui sommes des
enseignants, la question de la finalité de l’enseignement, ou même
simplement celle de son adaptation aux débouchés, est tout aussi
rarement posée.
A lire : http://revueagone.revues.org/754
dimanche 16 novembre 2014
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